Quelle vie réserve la maison du futur ?
Demain, les habitations seront communicantes, automatisées, écologiques et reliées entre elles via l'Internet.
"Mais où ai-je mis mes clés ?". Dans quelques années, vos enfants ne vous regarderont peut-être pas avec de
gros yeux en vous entendant poser cette question. Ils se taieront, naturellement. Et le porte-clé, équipé d'un
mini-émetteur, signalera sa présence sur la table du salon. Dans cette maison, les fenêtres se fermeront à la moindre
averse, les plantes seront arrosées automatiquement, le réfrigérateur commandera les produits manquants, bébé sera
surveillé depuis le bureau de papa grâce à une caméra, les entrées se fermeront à l'approche de tout inconnu.
L'air y sera pur. Et le souci de préserver l'environnement conditionnera tout choix de produit ou aménagement.
Très en vogue dans les années 80, la maison "intelligente" revient. A l'époque, on ne parlait que de domotique. Ce terme,
que le Petit Larousse définit comme "l'ensemble des techniques et études tendant à intégrer à l'habitat tous les mécanismes
en matière de sécurité, de gestion de l'énergie, de communication, etc...", a été inventé en 1984 par Bruno de Latour,
rédacteur en chef de Domotique News. Dans la foulée, ce journaliste créait l'Association Pour les Maisons du Futur et
organisait un congrès européen.
Onéreuse et trop technique, la domotique n'a cependant pas séduit le consommateur du XXème siècle. Aujourd'hui, de grands
acteurs de l'informatique, des réseaux et de l'électronique (Microsoft, Siemens, Cisco, Intel, Echelon, EDF...)
travaillent ensemble. Bruno de Latour y voit la naissance de "la nouvelle domotique". Alliés, l'informatique et la
domotique permettraient enfin aux hommes de dialoguer avec les objets, et aux objets de le faire entre eux. Le
réfrigérateur Internet, proposant des recettes en fonction des ingrédients disponibles, est l'exemple le plus connu du
grand public. En 1999, le suédois Electrolux était l'un des premiers à relier une gamme d'appareils au réseau Internet.
De son côté, Merloni développait une technologie WRAP (Web Ready Appliances Protocol) permettant d'échanger des informations
viale réseau électrique ordinaire de la maison. L'italien élaborait par ailleurs une interface afin d'actionner des
appareils électro-ménagers depuis l'Internet domestique.
Il y a juste un an, une application concrète, associant domotique et Internet, était expérimentée à Etiolles, dans
l'Essonne. L'originalité de M@isonnet, la maison témoin Kaufman & Broard revisitée par Cisco systems, France Télécom et
une dizaine d'autres partenaires, était d'être pourvue d'un Intranet domestique, permettant à chaque membre de la famille,
à partir de n'importe quel terminal (PC, écrans tactiles, télévisions interactives), d'actionner un appareil ménager,
l'éclairage ou le chauffage, de naviguer sur le Net, voire encore de surveiller les enfants ou la porte du garage grâce à
une Web-Cam. L'Intranet était aussi conçu pour communiquer avec les maisons voisines afin de trouver une baby-sitter,
organiser un loisir ou un co-voiturage. 67% des visiteurs se sont dits prêts à s'y installer.
Plus besoin de revenir chez soi pour éteindre le gaz
Pour France Télécom, M@isonnet est une "opération close". Depuis, "les technologies ont évolué". En janvier 2001,
l'opérateur téléphonique français s'est asscocié avec l'électricien Legrand pour créer Macaza (macaza.com), dont le but
est de concevoir de nouveaux services pour l'habitat, fondés sur l'utilisation de courants porteurs, une technologie
permettant de piloter des appareils électriques via le circuit électrique domestique.
"Nous lancerons le 13 mai une gamme de télé-services : réguler son chauffage, monter son volet, débrancher son fer,
arroser son jardin...", détaille Delphine Clergue, de Macaza. Grâce à l'arrivée prochaine d'IPv6, le nouveau protocole
Internet, qui permettra de donner une adresse électronique à chaque objet, la commande des appareils domestiques pourra
même se faire depuis l'autre bout du monde.
"La nouvelle domotique va changer la vie", promet Bruno de Latour. "On pourra surveiller que personne ne rôde autour de
sa résidence secondaire. Il ne sera plus nécessaire de faire demi-tour sur la route des vacances par crainte d'avoir
oublié d'éteindre le gaz."
Pour les journalistes, la maison de demain sera "high-tech" et "écolo". "On vient de découvrir que l'air est plus pollué
à l'intérieur de sa maison qu'à l'extérieur. Bientôt, on apprendra qu'il y a plus de bruit, d'odeurs nocives", note-t-il.
Des "bio-logements" seront bientôt commercialisés par le promoteur immobilier Nexity. Ces habitations répondront à des
normes écologiques très strictes. Les matériaux seront soigneusement choisis. Et un "kit bio" sera proposé aux locataires,
comprenant un tri sélectif, des purificateurs d'air...
Le consommateur, séduit par la baisse des prix, devrait piocher parmi toutes ces innovations. A condition que les promoteurs
parviennent à les convaincre de leur utilité.